Les suffragettes au cinéma

Georgette Sand s’est créée aux couleurs (vertes et violettes) de ce qui est aujourd’hui connu sous le nom de mouvement des suffragettes, aussi nous étions très heureuses de voir qu’un film aussi grand public avec de telles têtes d’affiche retraçait l’histoire de ce mouvement mal connu, souvent assimilé à des discours de salon. La force du film est de montrer la violence patriarcale qui engendre la nécessité du combat des femmes à la fois dans les milieux ouvriers, et dans les milieux bourgeois. SUFFRAGETTE
Il est plutôt jouissif de voir les modes d’actions radicaux, parfois violents, des suffragettes, qui pouvaient être de parfaites badass, en robes longues et jolis chapeaux. C’est une représentation plutôt rare.
On bondit souvent de son fauteuil face à l’indifférence et au mépris des hommes de l’époque (politiciens, maris, employeurs) qui ont finalement permis à ces femmes de faire preuve d’une grande lucidité et d’un grand courage pour devenir des femmes debout. Et obtenir des choses aussi évidentes que le droit de voter, de disposer de son argent, d’avoir un droit de regard sur ses enfants, de travailler une fois mariée.
Aujourd’hui encore le combat féministe reste parfois perçu comme un combat d’hystériques  voulant détruire un ordre établi sans proposer de vraie alternative. Mais aujourd’hui encore, comme dans le film, apparait en filigramme le soutien des hommes, minoritaires mais si nécessaires à la cause égalitaire : conjoints, mais aussi militants dans la foule, voire même soutiens silencieux des forces de police.
Enfin, on sort heureuses du film, car après la petite larme, on se voit rappeler que la justice est en marche :dans beaucoup de pays, enfin, les femmes votent !
On sort galvanisées, et on oublie l’espace d’un instant que la morale patriarcale reste sauve, que les femmes continuent aujourd’hui d’élire des hommes, qu’il n’y a que 18 % de femmes dans les médias, environ 27 % de salaires en moins, que la France maintient une inégalité fiscale et des prix différenciés.
On oublie aussi que le vote chèrement acquis a aujourd’hui a largement perdu de sa valeur sacrée, au vu de la crise de confiance en nos institutions et nos représentants. Et on applaudit ces femmes qui ont donné de la valeur au vote, et se sont affranchies de leur moitié. Car George Sand, la vraie, dont nous tirons notre nom, refusait peu d’années auparavant le droit de votes aux femmes. Selon elle, il était peu pertinent de donner un tel droit à des femmes, dès lors qu’elles ne pouvaient s’affranchir, intellectuellement et financièrement, de la tutelle de leurs maris… A cet égard, les suffragettes ont ouvert la voie.
Si vous l’avez apprécié, ne passez pas à côté de l’excellente série Mr Selfridge, dont plusieurs personnages sont des suffragettes ou des soutiens à la cause des femmes.

 

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