Culture : La saison des femmes, de l’émancipation féminine en Inde

On vous propose de voir  un film sur l’émancipation de 4 femmes dans l’état du Gujarat en Inde, que Georgette Sand a eu l’honneur de voir en présence de la réalisatrice Leena Yadav : la saison des femmes. 

Que dire de ce très beau film si ce n’est qu’il faut encourager bien sur un cinéma sûr et par les femmes, qui traite de sujets que l’on n’aime pas, comme la dot, le patriarcat, les violences, la prostitution, la reproduction par les femmes du système patriarcal, mais arrive à le traiter avec humour, amour, et en finesse. 

Que dire si ce n’est que l’on ressort contente, presque apaisée, parce que malgré les scènes violentes, malgré les moments de peur, il s’agit d’un film d’émancipation, de liberté, de tendresse, de solidarité.
Que dire si ce n’est que les personnages sont mis en valeur par les paysages secs, des images folles de fêtes foraines qui poussent au coeur du désert, que souligne une musique parfaitement équilibrée (ô amatrices de films indiens sans danse et sans Aishwarya Rai, sauriez-vous pour autant vous passer du rythme, tout aussi omniprésent que les vêtements chamarés de nos héroines).
L’action se situe dans le Gujarat, où contrairement à l’autres Etats en Inde, on paie la dote à la famille de la mariée et non l’inverse, ce qui devrait donc faire que les familles sont moins contrariées à l’idée d’avoir des filles. Au final cela ne change rien : les femmes restent un fléau pour les parents.
Bref. #LaLOSE
Les héroines de ce film ressentent la solitude, physique et morale. Elles échouent dans leur travail, leur éducation, respectent des règles sans vraiment réfléchir (le vêtement de deuil, la méchanceté vis à vis de la belle-fille) parce que c’est comme ça. Bien sûr, sans vous spoiler, mais vous vous en doutez : c’est le rapprochement des 4 destins qui déclenche l’étincelle de la vie, de la liberté, cette « saison des femmes » où ces dernières parlent librement de sexualité expriment le besoin d’être touchées, de dialoguer physiquement, et prennent leur envol et leur indépendance.
Autre richesse de ce film qui touche particulièrement Georgette qui a récemment lancé sa campagne sur les hommes dans le féminisme, le film rend compte de la difficulté rencontrée aussi par les hommes d’être à la hauteur du patriarcat. Il y a les  jeunes coqs que l’on veut gifler, les vieux barbus grisonnants persuadés de l’équation
 l’évolution = l’apocalypse. Et puis il y a les autres, qui réfléchissent non pas à un monde de filles et de garçons, mais à un monde d’humains, pensé pour toutes et tous. On pensera, au delà du film, à ces clips indiens qui montrent l’importance des hommes dans la lutte contre le viol ou encore à cet indien qui a révolutionné les règles indiennes (se heurtant d’ailleurs à sa femme qui ne comprenait pas son obsession pour l’amélioration du quotidien des femmes). Dans le film, ils sont des soutiens moraux, des amoureux éconduits, celui que l’on pense « comme les autres », car les autres sont si nombreux.
Enfin, le rire est omniprésent, et c’est celui qui nous pousse à vous inciter à voir ce film. Car peut-on rire magré le sujet si sérieux ? Leena Yadav nous prouve que oui !
Mention spéciale à une scène où l’une des protagonistes s’intérroge : « pourquoi ce sont toujours les femmes qui sont dans les insultes ? Sa mère la pute pourquoi ? Parce que ce sont les hommes qui les ont inventées, changeons les ! »
de Leena Yadav
avec Tannishtha Chatterjee, Radhika Apte, Surveen Chawla, Lehar Khan, Riddhi Sen
Sortie le 20 avril dans les bons cinémas.
PS Vous pouvez aussi aller voir Zootopie, où l’héroîne-lapine intègrant un programme d’intégration des petits mammifères se trouve malgré son énergie et ses compétences confrontée au mépris des prédateurs, loups ettigres, qui n’ont que faire de cette petite chose fragile. La ressemblance avec un clivage existant dans votre monde fera frémir votre sens de la justice mais pas de panique c’est un Disney et à la fin tout ira bien.

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