A Genoux les Gars

Un film audacieux

Georgette Sand a été invitée à l’avant-première du film « A genoux les gars » sélectionné au festival de Cannes. Le sujet : une jeune fille fait une fellation au mec de sa sœur et subit un chantage puisqu’une vidéo de l’acte a été prise. Le sujet me rendait mal à l’aise, je suis allée à la projection, tendue. Verdict, c’est excellent. Rien de larmoyant, un film crédible, d’une étonnante justesse. Et c’est là toute la force de ce scénario, montrer, comment une jeune fille peut se faire manipuler au point de faire une fellation dont elle n’a absolument pas envie. C’était un sacré challenge et c’est là toute la performance de « A genoux les gars ». Le chantage de la vidéo est aussi un point important. Les deux actrices ont beaucoup apporté au scénario, il leur semblait essentiel que le spectateur comprenne que cette fellation est un viol. Mais ce n’est pas le seul point que soulève ce film, il aborde aussi l’acte de la fellation qui peut-être vécu comme un plaisir à sens unique et qui prend une autre dimension lorsqu’on est dans le partage. Et lorsque la pratique du cunnilingus est évoquée, les deux garçons prennent un air horrifié, assénant un «c’est dégueulasse et on n’est pas des pd ». On ne voit pas trop le rapport. Mais il faut comprendre que tout ce qui ne leur convient pas, c’est attribué aux pds, l’insulte suprême. Certains dialogues sont surréalistes. L’ainée des filles demandent aux garçons ce qu’ils pensent d’un chien qui a violé un chat.

  • Les garçons : Ouais ce chien est un pd.
  • La fille : Non ce qui est important c’est le viol, le chien a violé le chat.
  • Les garçons : Oh là peut-être que le chat l’a provoqué, il se léchait les poils.

Le regard de ces deux adolescents/adultes sur les femmes est consternant. Le film montre aussi comment dans un contexte musulman, les hommes, les femmes cherchent des moyens d’assouvir leur sexualité sans qu’il y ait pénétration. Au final la révolution sexuelle de 68, a permis aux hommes d’assouvir leur sexualité, de jouir, tandis que le plaisir féminin a été quelque peu zappé.

Quel que soit les origines, la culture, l’homme coureur est perçu positivement comme séducteur alors que la femme doit passer sous silence ses expériences, au risque de passer pour une pute. Il ne dispose que de deux alternatives, salope ou respectable. Pas question que je spoile ce film car il faut aller le voir, c’est gai, c’est positif, ce sont des femmes qui se posent des questions, qui se rebellent et la fin est géniale !

B. Ates

Sortie le 20 juin 2018

Ecrit par Souad Arsane, Inas Chanti, Anne-Sophie Nanki et Antoine Desrosières.

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